30/04/2010

Marinaleda, village libéré

autogestion marinaledaMarinaleda, un village andalou en autogestion
« (...) En 1986, après douze ans de luttes et d’occupations où
les femmes ont joué le rôle principal, le village [Marinaleda, en Andalousie] a réussi à obtenir 1200 ha de terre d’un grand latifundiaire, terre qui a aussitôt été redistribuée et transformée en coopérative agricole de laquelle vit aujourd'hui presque tout
le village. “La terre n’appartient à personne,
la terre ne s’achète pas, la terre appartient à tous !”

A la ferme de la coopérative, El Humoso, les associés travaillent 6.5 h par jour, du lundi
au samedi, ce qui donne des semaines de 39 h. Tout le monde a le même salaire, indépendant de la fonction. 400 personnes du village les rejoignent pendant les mois de novembre à janvier (olives), et 500 en avril (habas, haricots de Lima). La récolte (huile d’olive extra vierge, artichauts, poivrons, etc.) est mise artisanalement en boite ou en bocal dans la petite fabrique Humar Marinaleda, au milieu du village, où travaillent env. 60 femmes et 4-5 hommes en bavardant dans une ambiance décontractée. Le tout est vendu principalement en Espagne. (...)

Les bénéfices de la coopérative ne sont pas distribués, mais réinvestis pour créer du travail. Ça a l’air si simple, mais c’est pour cela que le village est connu pour ne pas souffrir du chômage. En discutant avec la population, j’ai pourtant appris qu’à certaines époques de l’année, il n’y a pas assez de travail dans l’agriculture pour tous, mais que les salaires sont tout de même versés. Comme à Cuba, l’habitation, le travail, la culture, l’éducation et la santé sont considérées comme un droit. Une place à la crèche avec tous les repas compris coûte 12 euros par mois. A nouveau, ça rappelle Cuba où l’éducation est gratuite, depuis
la crèche jusqu’à l’université.

Plus de 350 maisons ont déjà été construites par les habitants eux-mêmes. Il n’y a pas de discrimination et l’unique condition pour une attribution est de ne pas déjà disposer d’un logement. La municipalité met à disposition gratuitement la terre et les conseils
d’un architecte, Séville fait un prêt des matériaux. Les maisons ont 90 m2, deux salles d’eau et une cour individuelle de 100 m2 (...).

Comme dans certaines régions à Cuba, un groupe de futurs voisins construisent ensemble pendant une année une rangée de maisons mitoyennes sans savoir encore laquelle sera la leur. Une fois le logement attribué, les finitions, l'emplacement des portes, les ouvertures peuvent être individualisées par chaque famille. Le loyer se décide en réunion du collectif. Il a été arrêté fixé à moins de 16 euros par mois. Les constructeurs deviennent ainsi propriétaires de leur maison, mais elle ne pourra jamais être revendue. (...)

[Le maire de Marinaleda précise :] "Nous n’avons pas de gendarmes ici - ça serait un gaspillage inutile.” Les gens n’ont pas envie de vandaliser leur propre village. “Nous n’avons pas de curé non plus –gracias a Dios !” plaisante le maire. La liberté de pratiquer sa religion est pourtant garantie et une petite procession religieuse timide défile discrètement,
sans spectateurs, dans le village en évitant la place de fête. (...)

"Nous pratiquons une démocratie participative, on décide de tout, des impôts aux dépenses publiques, dans des grandes assemblées. Beaucoup de têtes donnent beaucoup d’idées. Nos gens savent aussi qu’on peut travailler pour d’autres valeurs qu’uniquement pour de l’argent. (…) La démocratie doit être économique et sociale, pas seulement politique. Quant à la démocratie politique, la majorité 50 %+1 ne sert à rien. Pour une vraie démocratie, il faut au moins 80-90 % d’adhérents à une idée. D’ailleurs, toutes nos charges politiques sont sans rémunération.” (...)

Avec un sol qui n’est plus une marchandise, mais devenu un droit pour celui qui veut le cultiver ou l’habiter, une habitation pour 15 euros par mois, du sport ou la culture gratuits ou presque (piscine municipale à 3 euros pour la saison), un sens communautaire de bien-être, je pense pouvoir dire que Marinaleda est une expérience unique en Europe.(...)»
Article d'Andrea Duffour, membre de l'association
de solidarité Suisse-Cuba (extraits)

> L'article au complet, ICI. > L'article de Wikipedia.
> Un article de Libé en 2003, ICI.
> Le site officiel (en espagnol) de Marinaleda, ICI.

D'autres vidéos (en espagnol) ? Visitez Marinaleda TV ICI.

UtopLib : Si nous ne partageons pas l'enthousiasme inconditionnel que la camarade éprouve pour l'expérience cubaine, dont certains révolutionnaires sincères ont appris à connaître l'humidité des cachots, si nous avons tendance à nous méfier d'un maire qui semble plus qu'omniprésent (omnipotent ?), si nous nous interrogeons sur l'autonomie financière réelle de cette commune par rapport aux importants subsides octroyés par l'Etat espagnol et la Région..., ne boudons pas notre plaisir de voir perdurer une expérience riche, qui peut apporter beaucoup de grains à moudre à la réflexion sur une société nouvelle.
Que naissent mille Communes libres, partout dans le monde !

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