15/09/2012

Le Temps d'harmonie est de retour

Après restauration, le grand (300x401 cm) tableau Au Temps d'harmonie (1894)
de Paul Signac, est de retour dans l'escalier d'honneur de l'hôtel de ville de Montreuil-sous-Bois (93) (M° Mairie de Montreuil, L9).
Pour les Journées du patrimoine, ce week-end, des visites guidées se feront autour de cette œuvre [accès libre, samedi et dimanche, de 14h à 18h ; découverte commentée samedi à 14h30 (pour tous) et 15h30 (jeune public)]. (Télécharger une reproduction du tableau en pdf et y lire également une analyse de l'œuvre).

Que nous dit le site L'Ephémeride anarchiste sur Paul Signac et son tableau (extrait) ? « A l'avant-garde des recherches picturales, Signac en vient naturellement à s'intéresser aux idées révolutionnaires de son temps. La lecture de Kropotkine, d'Elisée Reclus lui font découvrir les idées anarchistes. Ami de Jean Grave, il va alors collaborer à partir de 1896 aux Temps Nouveaux, revue qu'il aide également financièrement. Mais l'art purement militant ne l'intéresse guère, il lui préférera une libre expression de l'artiste plus à même de lutter contre les conventions bourgeoises. Nombre de ses tableaux représentent des paysages bucoliques de bord de Seine où de bord de mer, mais son chef-d'oeuvre, tant par sa taille (3 mètres sur 4) que par l'idée qu'il exprime, reste le célèbre "Au temps d'harmonie" qui décrit une société libertaire réalisée. D'abord désigné sous le titre de "Temps d'anarchie" et destiné à décorer la Maison du Peuple de Bruxelles, ce tableau nécessitera deux ans de travail (1893-1895). »

Extrait du texte de Jean-François Chevrier, historien d'art, enseignant à l'ENSBA : 
« [...] La signification du tableau est explicitée dans son sous-titre, L’Âge d’or n’est pas dans le passé, il est dans l’avenir, emprunté à un texte paru en 1893 dans La Revue anarchiste. Le tableau devait être intitulé Au temps d’anarchie. Le titre actuel s’est imposé pour calmer les inquiétudes, quand le tableau fut exposé au Salon des Indépendants en 1895. Le mot "anarchie" évoque le désordre, le chaos. Signac pensait le contraire : l’anarchie était pour lui l’idéal d’une société libre et pacifique. C’était l’idée d’un ordre social égalitaire et anti-autoritaire, fondé sur le partage équilibré du travail et des loisirs, dans un rapport harmonieux à la nature. Mais il a peint son tableau-manifeste, en 1894, en pleine période d’attentats terroristes (l’assassinat du président Sadi Carnot eut lieu le 24 juin 1894). Il substitua donc "harmonie" à "anarchie". Comme le tableau le montre et, même, le démontre, l’activité artistique participe à l’utopie dans la mesure même où elle la représente et la met en œuvre. »

Une chanson écrite en 1895 par Paul Paillette et d'abord publiée dans Le Libertaire fait parfait écho à ce tableau. Elle s'intitule Heureux Temps (sur l'air du Temps des cerises)
(les paroles : ICI). A retrouver sur le disque Chansons anarchistes, enregistré par
Les Quatre Barbus, en 1969. Voir (et écouter) dans la vidéo ci-dessous.

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