23/02/2014

Chili qui tremble, Chili qui bouge

« Le violent séisme de 2010 au Chili ayant révélé les carences de l'État lors de la reconstruction, les habitants se sont organisés en un véritable mouvement national des Pobladores, imposant le droit au logement, le droit à la ville, encourageant l’habitat autogéré. »



L'émission "Tribuna latinaamericana" de Radio libertaire du 22 février était en grande partie consacrée au Chili et aux mouvements sociaux émancipateurs qui ont suivi le tremblement de terre de 2010. Pour écouter l'émission, cliquer sur la flèche du player ci-dessus. L'émission (en français) débute à 3:49.

Invité : Claudio Pulgar Pinaud, architecte et universitaire de l'Université du Chili, auteur de la conférence "Le double mouvement tellurique et social dans le Chili d'après le tremblement de terre du 27 février 2010. Mouvements sociaux urbains, ville néolibérale, reconstruction, justice spatiale et droit à la ville." (voir le PDF) 

Extraits de la conférence citée ci-dessus :
« (...) le séisme de 2010 a agi comme un révélateur de la société chilienne. Il a mis en évidence les inégalités et les injustices spatiales construites au cours des quarante dernières années et a aussi révélé le rôle prépondérant des acteurs sociaux, en particulier du mouvement de pobladores, dans leurs processus d'organisation et de résistance. Le séisme a donc accéléré les processus sociaux dans un Chili qui semblait assoupi après dix-sept ans de dictature, puis vingt ans d’une interminable transition vers la démocratie. Depuis 2010, la citoyenneté s’est réveillée. Le processus à la fois tellurique et social qui a commencé le 27 février 2010 n'a fait que s'accélérer de jour en jour : d'abord avec la solidarité et l’aide mutuelle face à la catastrophe, puis avec le fait que le tremblement de terre et le tsunami ont révélé les inégalités de la société chilienne, tout en permettant aux gens de se réunir pour s'organiser.

(...) Les mouvements de pobladores, (y compris les sans logis, « allegados », sur endettés et sinistrés) groupés dans la Fédération nationale des pobladores (FENAPO) avaient prévu d’annoncer leurs propositions de politiques urbaines de logement en mars 2010, lorsque Sebastián Piñera, un entrepreneur soutenu par la coalition de droite, allait assumer le mandat de président du pays. Mais à cause du séisme du 27 février 2010, ils ont fait leur apparition quelques semaines avant le changement de présidence. Ainsi, leur action directe, leur organisation et leur développement s’est construite à partir de l’action humanitaire pour venir en aide aux sinistrés, ce qu’eux mêmes ont qualifié d’une aide du «peuple au peuple». Cette action montre une dimension de résilience organique au niveau de la mobilisation des ressources.

(...) Les récentes convergences des différents mouvements sociaux doivent être considérés comme une variable nouvelle. Ainsi, dans une récente déclaration, pobladores, étudiants et travailleurs organisés affirmaient : « nos luttes peuvent paraître dispersées, mais elles ont la même origine : le modèle économique, politique et social chilien, avec tout son fardeau d’injustices et de souffrances. Jusqu’à maintenant, le mensonge du jeu démocratique de la Concertation et de la droite avait réussi à contenir l’énorme désir de justice et d’égalité du peuple chilien. Cependant, aujourd’hui surgissent et s’articulent des organisations qui proposent la lutte directe, dans la rue, avec la force de la raison comme seul chemin pour vaincre ceux qui utilisent le pouvoir à des fins privées». Cette convergence est à mettre en lien avec la naissance du parti politique Igualdad, issu du mouvement de pobladores. Il faudra attendre de voir, à court et moyen terme, quels seront les impacts de ces convergences et si la stratégie des mouvements sociaux consistant à participer à la démocratie représentative portera ses fruits. (...) »

> Voir aussi l'article du blog du Comité France-Amérique latine.
> Voir aussi l'article (en espagnol ou en traduction Google) "Maisons occupées et lutte pour le logement dans le centre historique de Santiago du Chili. Continuité et de rupture du Mouvement des Pobladores" de la revue RITA (Revue interdisciplinaire de travaux sur les Amériques).

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