18/04/2016

Vient de paraître

Joseph Dejacque
"À bas les chefs !
Écrits libertaires (1847-1863)",
de Joseph Déjacque

Présentation de l'éditeur : « Ce livre n’est point écrit avec de l’encre, c’est de l’acier tourné en in-8° et chargé de fulminate d’idées. C’est un projectile autoricide que je jette à mille exemplaires sur le pavé des civilisés. » Toute sa vie, balloté par la misère et l’exil, Déjacque n’a cessé d’écrire. Ouvrier colleur de son état, « poète des misérables », comme le surnomme son ami Gustave Lefrançais, « tapageur acharné », il s’arme de sa plume contre les réactionnaires de tout poil.
En 1848 à Paris, il chante la gloire des insurgés de Juin, ce qui lui vaut la condamnation et l’exil. À Londres, puis Jersey, où il côtoie les proscrits, il s’attire les foudres des républicains dont il fustige le modérantisme et l’opportunisme.
En 1858, à New York, il fonde son propre journal, Le Libertaire, dont il est à la fois le rédacteur, le gérant, le plieur, le porteur et l’actionnaire. On le retrouve enfin à La Nouvelle-Orléans, « ville de commerce et d’esclavage, au moral aussi sale que ses rues », appelant à la vendetta contre les planteurs esclavagistes...

Ennemi déclaré des Jésuites et de l’État, il hait l’autorité, d’ou qu’elle vienne. Aux rois, aux bourgeois, aux exploiteurs, lui, « infime prolétaire », lance cet avertissement : « Dent pour dent ! » Mais derrière la violence verbale, cet artificier des mots se révèle un sublime rêveur. La quête du bonheur, de l’harmonie, du socialisme l’anime, ce dont témoigne son texte le plus audacieux, L’Humanisphère. Sous-titré « utopie anarchique », il nous rappelle que pour Déjacque, l’utopie n’est pas un vain mot mais un acte : écrire, c’est combattre. Ce recueil rend hommage à l’œuvre, injustement méconnue, de Joseph Déjacque. Passé le choc de la première lecture, restent admiration et tendresse pour ce « volontaire de la Révolution » qui n’a jamais baissé pavillon.

Thomas Bouchet est enseignant-chercheur en histoire du XIXe siècle à l’université de Bourgogne, il travaille en particulier sur les premiers socialismes. 
Derniers livres parus  : Les Fruits défendus. Socialismes et sensualité du xixe siècle à nos jours (2014) ; Quand les socialistes inventaient l’avenir. Presse, théories et expériences 1825-1860 (en codirection, 2015).
Editions La Fabrique, 336 pages, 15 euros.
> Feuilleter quelques pages du livre (pdf).

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