27/12/2016

Coeurderoy, anarchiste enragé ou illuminé ?



"Relecture - Ernest Coeurderoy (1825-1862)" 
Une émission du 14 juillet 1978, réalisée à l'occasion de la réédition en 1977
de Hurrah !!! ou la Révolution par les Cosaques, d'Ernest Coeurderoy
Par Hubert Juin. Invités : Jacques Le Glou, Jacques Cellard et Jean-Michel Goutier.
Illustration musicale : Pour en finir avec le travail. Chansons du prolétariat révolutionnaire.

« Dans la lutte solitaire qu’il mène contre toutes les formes d’oppression et contre la pusillanimité  de ceux qui font métier de les combattre, Ernest Coeurderoy a des accents qui annoncent Lautréamont et Rimbaud. L’outrance est chez lui  l’expression d’une poésie qui rêve de s’emparer du monde pour le bouleverser et le restituer à l’être véritablement humain, séculairement victime d’un mode de gouvernement absurde et cruel. Jours d’exil n’est pas seulement la fresque d’une époque  dont l’histoire des idéologies a masqué et édulcoré la violence historique, c’est la vocifération d’un homme mis en cage par la mesquinerie de son temps, c’est un cri de liberté qui résonne fortement dans nos sociétés où la nullité tonitruante favorise le silence de la résignation et les complaisances de la servitude volontaire. » Raoul Vaneigem

« Cœurderoy appartenait à cette minorité républicaine qui, en France, à la fin du règne de Louis-Philippe et au lendemain de la révolution de 1848, défendit la cause du peuple, prit en main le drapeau des revendications sociales, et protesta, avec une véhémence faite de pitié et de tendresse, pour les pauvres, les sacrifiés, contre les iniquités d’une prétendue civilisation où le faible est écrasé par le fort.

Jeté en exil après le 13 juin 1849, Cœurderoy connut toutes les souffrances des existences déracinées, toutes les douleurs des proscrits. Il y a des êtres voués au malheur et sur le front desquels la destinée aveugle a écrit le mot fatal : 'Tu souffriras'. Cœurderoy fut un de ces êtres. Tout ce que la bonté peut contenir de douleurs, tout ce que l’originalité et l’indépendance d’esprit peuvent provoquer de jalousies et de haines, fut son partage.

Individualiste dans le sens le plus large, le plus élevé, il n’était pas de ceux qui acceptent les mots d’ordre et les exécutent les yeux fermés. Ainsi il se heurtait aux prétentions dominatrices des partis et refusait de se courber sous les injonctions des pontifes et des Césars de la proscription. Libertaire dans l’âme, ne voulant ni dominer ni être dominé, Cœurderoy tint tête aux coteries de l’exil et les brava, de même qu’il brava l’Empire, dont il repoussait dédaigneusement l’amnistie.

Tous les lettrés, tous les philosophes, tous les artistes et tous les amis de la pensée libre seront heureux de connaître Ernest Cœurderoy. Car cet écrivain est un de ces hommes rares qui, foulant aux pieds les ambitions vulgaires, raillent les sots, méprisent les méchants, ne travaillent que pour la vérité, ne combattent que pour la justice et la liberté, et n’ont qu’un seul maître : leur conscience. »
Présentation par Jacques Gross (1910), pour "Jours d'exil'

Les textes de Coeurderoy, tombés dans le domaine public, sont lisibles gratuitement en ligne sur Gallica-BNFWikisource, et les "Cosaques" sur Kropot.freeJours d’exil (1849-1855) a été édité chez Héros-Limite. D'autres textes sont sortis chez divers éditeurs.

> Lire aussi sur Coeurderoy les articles de Le Temps, du blog EnAttendantNadeau, Merlerene, LibrairiePtyx.

« Que les hommes ne fassent plus de révolutions, 
tant qu’ils n’auront pas appris à se passer du pouvoir. 
Qu’ils n’écrivent plus, tant qu’ils ne seront pas décidés à braver l’opinion » (Ernest Coeurderoy, Jours d'exil)

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