21/08/2017

Vient de paraître

Serge Audier
"La société écologique  
et ses ennemis. Pour une histoire alternative de l'émancipation" 
de Serge Audier

Présentation de l'éditeur : « Alors que monte la prise de conscience du péril environnemental, les obstacles à une véritable mutation écologique des sociétés contemporaines restent massifs et les modèles alternatifs peinent à s’imposer. Les traditions intellectuelles de la gauche semblent souvent impuissantes à apporter des réponses. Pire, n’ont-elles pas contribué, par leur culte des "forces productives", à l’impasse actuelle ?

La généalogie intellectuelle proposée par Serge Audier revient sur des évidences trompeuses, notamment celle qui voudrait que les mouvements émancipateurs n’aient abordé que très tardivement les enjeux écologiques. On redécouvre certes peu à peu des voix minoritaires qui, de Henry D. Thoreau à William Morris, avaient manifesté très tôt un souci inédit de la nature. Mais en les érigeant en héros solitaires, on contribue à occulter une nébuleuse beaucoup plus large et méconnue qui, entre socialisme et anarchisme, a esquissé les traits d’une "société écologique". L’objectif de ce livre est d’exhumer et de reconstituer une pensée sociale de la nature et de l’émancipation, construite aux marges du "grand récit" socialiste et républicain.

De fait, cette tendance dissidente a été ignorée, marginalisée, voire combattue par les courants hégémoniques, qui ont souvent vu dans l’écologie un conservatisme traditionaliste ou un romantisme réactionnaire… Si les "ennemis" de la "société écologique" se trouvent bien entendu du côté des forces du capitalisme, il serait faux et dangereux d’oublier qu’ils font aussi partie de l’histoire même de la gauche et du socialisme dans ses orientations majoritaires, encore prégnantes. »

Serge Audier, ancien élève de l’ENS-Ulm, agrégé et docteur en philosophie, est maître de conférences à l’université Paris-IV-Sorbonne. Il a notamment publié La Pensée anti-68,  
Néo-libéralisme(s). Une archéologie intellectuelle et Penser le néolibéralisme. Le moment néolibéral, Foucault et la crise du socialisme.
Editions de La Découverte, 500 p., 27 €.



« L’écologie est-elle de droite, voire d’extrême droite ? C’est ce qu’affirment depuis au moins trente ans certains intellectuels dits de gauche. Avec une très grande clarté dans l’analyse, Serge Audier dénoue fil à fil la trame de ce malentendu. Qui sont les vrais « ennemis » de la société écologique ? Ceux qui, depuis la gauche, lui font procès de ne pas être de gauche, risquent de masquer les vraies puissances capitalistes ou néolibérales qui cherchent à la saborder.

Il est vrai qu’aux XIXe et XXe siècles, le récit dominant de la gauche reste celui du productivisme industriel, tandis que, surtout dans l’entre-deux-guerres, la pensée écologique épouse volontiers un courant antimoderne, pour ne pas dire totalitaire. Pourtant, dès le milieu du XIXe siècle, quelques penseurs progressistes – William Morris en Grande-Bretagne, Pierre Leroux en France et H. D. Thoreau aux États-Unis – contestent les bienfaits univoques de l’essor industriel. 

L’apport de Serge Audier est de montrer qu’au-delà de ces figures solitaires, un authentique courant de gauche s’est dessiné en faveur d’une « société écologique » : autour de l’urbanisme, de la fin du clivage ville-campagne, de la redéfinition du travail, de la relation aux animaux. Il est porté par des intellectuels anarchistes, comme Kropotkine, libertaires, comme Élisée Reclus, mais aussi par des architectes, des médecins, des éducateurs, et enfin par des femmes, comme Marie Huot. Émanciper les hommes non pas contre mais avec la nature : cette généalogie-là nous est plus que jamais précieuse. » (Philomag)

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